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Vallée du Rhône : l’enthousiasme d’un grand Millésime
Sortie généreuse, stress hydrique, maturations capricieuses … on n’attendait pas cette qualité finale en Vallée du Rhône. Sept œnologues apportent leur vision de ce millésime.
A Tavel, le progrès récompensé
Quand Sébastien Jouffret rejoint le domaine Roudil-Jouffret, sur les traces du père et du grand-père, c’est avec des ambitions nouvelles : s’appuyer sur ce que l’œnologie peut apporter pour développer la vente directe.
Consultant ICV du domaine, Edouard Medina précise : « Depuis 10 ans notre collaboration porte sur un travail de fond de caractérisation des parcelles, de pilotage des maturités et sur la précision des pratiques œnologiques. Flottation des moûts, macérations de bourbes, gestion de la couleur, macération pré-fermentaire à froid ont permis de renforcer la puissance aromatique et la sapidité des blancs, de maîtriser la couleur des rosés et d’obtenir des vins rouges généreux et expressifs. La qualité de son royal millésime couronne Sébastien pour sa détermination.»
Sébastien JOUFFRET et Edouard MEDINA
La macération sur bourbes adoptée par le Chêne bleu à Crestet
Jean Louis Gallucci du Chêne Bleu fait partie des vignerons convaincus : « Cela fait 3 ans que nous travaillons nos bourbes de cette façon : je commence par faire macérer sur bourbes chaque cuve de blanc et rosé pendant une semaine environ. J’utilise la carboglace pour le bâtonnage. Puis, après débourbage, je réunis les bourbes restantes que je stabule à nouveau pendant quelques jours à 4 °C. Je récupère à nouveau quelques Hl de surnageant. Ce volume est assemblé avec une cuve de rosé. C’est un gain qualitatif, pour notre rosé, qui est plus complexe, plus gourmand, mais aussi un gain économique ».
Thomas Oui, œnologue consultant ICV, qui suit le domaine ajoute : « L’excellent état sanitaire des raisins cette année a permis de profiter au mieux de cette technique. Elle nécessite un équipement en froid performant, permettant de travailler le moût pendant plus d’une semaine à moins de 10°C. Le gain d’arômes et de gras, souvent spectaculaire, se révèle en début de fermentation».
Cuverie adaptée à la macération de bourbes (Chêne bleu)
Beau potentiel pour l’élevage sur Grignan les Adhémar
Une récolte plutôt importante s'annonçait sur ce secteur. Le travail en vert a été indispensable et déterminant sur la qualité des vins. Le millésime est resté tardif sur la zone et le retard n'a pas été comblé. Dans un contexte de gestion des dates d'apport difficile, les blancs sont arrivés à maturité selon les prévisions, mais Syrah et Grenache ont connu une fin de maturation capricieuse.
«Plus que jamais les contrôles de maturité et la dégustation des baies ont permis d’être réactif jusqu'au dernier moment. Les résultats sont encourageants sur les trois couleurs, les rouges présentent un beau potentiel pour l’élevage en barriques.» précise Roland Florès, œnologue consultant à l’ICV de Beaumes de Venise.
Luberon, exceptionnel dans la Vallée du Calavon
Baptiste Olivier, œnologue consultant à l’ICV de Beaumes de Venise, caractérise le millésime 2016 sur ce secteur : «Des vins blancs aromatiques et frais, des rosés pâles, intenses et vifs. Des vins rouges tous colorés, très fruités et gourmands pour les entrées de gamme, et profonds, riches et puissants pour les hauts de gamme».
Mythique à Châteauneuf du pape
C’est au tour de Philippe Cambie, œnologue consultant à l’ICV de Beaumes de Venise, d’apporter son éclairage :
«Quasiment pas de tri et une qualité exceptionnelle des raisins. Record d’anthocyanes et de polyphénols sur syrah, grenache et mourvèdre. D’après les anciens un millésime proche de 1990 ! Des vins rouges riches, colorés, taillés pour la grande garde, et des vins blancs plein de suavité avec en particulier des roussane et clairette exceptionnelles. LE millésime du grenache : des vins de grande puissance sur la Crau, énormément de finesse et de classe sur les Sables, des vins riches et solaires sur les quartiers du Sud ! Rien ne manque. Un de mes meilleurs millésimes!».
Tanins fins au Domaine Fondrèche
«En Ventoux, les vendanges se sont étalées sur plus de huit semaines. Dès début septembre, avec Sébastien Vincenti, les dégustations de baies nous ont décidé à moduler l’extraction pour limiter le risque de sécheresse tannique lié au stress hydrique : intensification des délestages en phase aqueuse les trois à quatre premiers jours de macération, limitation du travail jusqu’à fin fermentation, puis deux à trois délestages post-fermentaires. Les vins ainsi obtenus sont très colorés, concentrés, avec de la fraîcheur et surtout des tanins d’une grande finesse : pari réussi !» précise Didier Robert, Directeur adjoint du centre ICV de Beaumes de Venise.
Dernier témoignage, celui de Caroline Delmas, œnologue consultant à l’ICV de Beaumes de Venise «Un millésime qui nous a permis d’aider les vignerons à élaborer de grands vins ! »