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Viticulture
03/07/2019 -

Canicule au Vignoble

Canicule au Vignoble

L’épisode caniculaire de fin juin a entraîné des records de températures, notamment les 27-28-29 juin, qui ont parfois dépassé les 45°C sous abri vendredi 28 juin. Depuis, les températures sont moins excessives mais un retour à la « normale » pour un mois de juillet n’est pas annoncé avant les 8-9 juillet, quelques orages locaux étant possibles sur les reliefs.

Cette note a été réalisée par Jacques Rousseau et les consultants viticoles ICV le 2 juillet 2019.
Pour aller plus loin, contactez votre consultant ICV.

 

Quelles conséquences pour la vigne ?

De nombreux symptômes d’échaudage ont été observés sur le pourtour méditerranéen

 

      

Photo 1 : Folletage sur Syrah                                                                     Photo 2 : Coup de soleil sur feuille

 

       

Photo 3 : Coup de soleil sur grappes                                                         Photo 4 : Pied échaudé

 

 

Ces symptômes peuvent être localement catastrophiques, entraînant des destructions importantes de récoltes et des défoliations très importantes voire totales.

 

      

Photo 5 : Dégâts sur Marsanne dans les PO                  Photo 6 : Dégâts sur Muscat Petit Grain (PO)

 

Photo 7 : Dégâts sur Syrah (Lauret, 34)

 

 

 

QUELS SONT LES FACTEURS AGGRAVANTS ?

Les vignes les plus touchées sont celles présentant un système racinaire insuffisant par rapport à la surface foliaire (jeunes vignes, complants, vignes sur sol superficiels sensibles au stress hydrique…). Sont aussi concernées les vignes atteintes d’esca ou autres maladies du bois.

Les vignes ayant fait l’objet de rognages sévères peu auparavant sont également souvent très touchées, de même que celles qui ont fait l’objet de traitements au Soufre et/ou Pyrivert d’où visiblement un taux de pertes ou tout au moins de symptômes plus élevés chez les producteurs en agriculture biologique.

 

Les vignes en bon état hydrique, et en particulier les vignes irriguées ou situées en sol profond, ont moins été atteintes même si on peut y observer fréquemment des complants ou des pieds chétifs touchés au sein de parcelles avec peu de symptômes par ailleurs.

Exemple d’un cas spectaculaire…mais fréquent observé dans l’Hérault, à Bélarga : deux Merlots côte à côte ont réagi de façon très différente : un vieux Merlot de faible vigueur, avec en plus une mauvaise maîtrise de l’enherbement sur le rang a été en grande partie défolié, alors que la parcelle voisine, en pleine vigueur, présente quelques symptômes d’échaudage sur les grappes exposées au soleil.

 

 

Photo 8 : Forte différence de réaction à la canicule de deux parcelles de Merlot à Bélarga

 

 

QUELLE EST L’IMPORTANCE DU PHENOMENE ?

Il est difficile de quantifier l’ampleur des dégâts. Les PO, le Gard et l’Est Héraultais semblent plus touchés, mais il faut attendre le bilan des recensements engagés par les chambres d’agriculture pour se prononcer.

Sur l’Hérault, d’après nos observations, les dégâts importants semblent limités à quelques parcelles. Mais il est difficile de se prononcer sur les conséquences à moyen terme des vignes ne présentant que quelques coups de soleil aujourd’hui.

Sur le Gard, les symptômes strictement liées à l’échaudage semblent également d’une portée limitée, en revanche sur certaines exploitations l’aggravation liée à la phytotoxicité du Soufre mouillable, associé ou pas, au Pyrivert a pu occasionner des pertes de récolte significatives à l’échelle d’exploitations ou de caves.

 

 

QUELLES PERSPECTIVES DANS LES SEMAINES A VENIR ?

Les  vignes qui ont bien résisté ont pu le faire grâce à leur bon état hydrique : malgré un printemps beaucoup plus sec qu’en 2018, l’état hydrique des vignes étaient, avant la canicule ( !) comparable à celui de l’an dernier, du fait des faibles températures de Mai et Juin, qui ont entraîné une diminution sensible de l’évapotranspiration : les faibles pluies étaient globalement compensées par une baisse de la consommation en eau.

 

Mais la situation évolue rapidement suite à cet épisode caniculaire et la consommation importante des réserves en eau des sols :

En absence de pluie et avec le probable maintien de températures élevées, les symptômes de stress hydrique apparaissent : jaunissement puis défoliation par la base des sarments.

Les conséquences si ces conditions se maintiennent pourraient être nettement plus étendues qu’actuellement.

 

 

QUE FAIRE AU VIGNOBLE ?

Les binages superficiels sont recommandés pour préserver l’humidité des sols, limiter l’évaporation, et éviter toute concurrence inutile de l’herbe. Attention aux jeunes vignes car les blessures sont susceptibles d’accentuer les besoins en eau.

 

Eviter les rognages avant toute période de forte chaleur : mieux vaut préserver le feuillage et le laisser protéger par son ombre le raisin et une partie des autres feuilles. Proscrire systématiquement les rognages sévères, et veiller à laisser au moins 50 cm d’épaisseur de feuilles sur les espaliers.

 

Ceux qui ont les moyens d’arroser doivent poursuivre leurs apports et si nécessaire demander conseil pour les adapter. Attention aux plantiers (1ères feuilles et vigne en formation) qui déjà en temps normal sont plus sensibles à la contrainte hydrique et qu’il faudra maintenir en bon état jusqu’en septembre.

 

Protection phytosanitaire : dans la plupart des vignes  la situation est assez saine, avec une très faible pression mildiou et une pression oïdium variable. Dans tous les cas éviter les traitements les jours de forte chaleur, et si possible 48 h avant : attention tout particulièrement aux produits particulièrement phytotoxiques avec la chaleur comme le soufre. Et dès que c’est possible (pas de risque mildiou, pas d’oïdium et fin de la période de sensibilité, pas de tordeuses, etc) éviter les traitements inutiles.

 

ET LES PULVERISATIONS FOLIAIRES ?

 

Des traitements foliaires à la véraison pour favoriser les précurseurs d’arômes sur blancs et rosés sont fréquemment réalisés. Cette année il est indispensable de rappeler quelques conseils de prudence mais aussi d’adapter les préconisations.

 

Ces interventions se réalisent à la véraison, et donc d’ici 2 à 3 semaines environ par rapport à la date de rédaction de cette note.

 

Il est inutile de réaliser ces applications sur des parcelles ayant subi des échaudages importants : nombreuses grappes touchées, défoliation déjà marquée,…A suivre donc en cas de progression des défoliations liées au manque d’eau.

 

De ce fait à ne réaliser que sur les vignes en bon état hydrique : pas ou très rares feuilles jaunes.

 

Ne pas réaliser d’application de soufre mouillable seul : les risques de phytotoxicité sont trop élevés et les gains par rapport aux stratégies azote/soufre restent à confirmer.

 

N’utiliser que des formulations commerciales (pas de pulvérisation d’urée seule) sachant que toutes ne présentent pas les mêmes risques liées à la chaleur. Il semble que certaines formulations associant urée et soufre mais de plus pauvres en biuret soient moins risquées (exemple : Thioleaf, Folur S,…). Les spécialités commerciales sur le marché sont nombreuses, se renseigner auprès de son fournisseur de produits local.

 

En cas d’annonce de nouvel épisode caniculaire au moment de l’intervention (maximales supérieures à 35°C,…), repousser celle-ci de quelques jours.

 

Et enfin, au-delà des pulvérisations foliaires, lors des vendanges les sélections parcellaires devront veiller à bien distinguer les parcelles ayant subi des contraintes importantes des autres.

 

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