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Viticulture
10/11/2015 -

Millésime 2015 : une diva capricieuse

Millésime 2015 : une diva capricieuse

Concentrés ! C’est ainsi que sont arrivés en cave les derniers raisins des vendanges 2015. Il faut dire qu’ils ont bénéficié d’une période de beau temps depuis la mi-septembre ; situation particulièrement bienvenue, et pour tout dire presque inespérée à l’époque.

Avant d’en arriver à ce final serein, qui a profité à ceux qui ont su ou pu attendre, 2015 nous a réservé une série de volte faces qui ont mis les nerfs des vignerons à rude épreuve.

 

Une météo particulièrement capricieuse

 

Au débourrement, tout a commencé sous de bons auspices, avec des pluies régulières et généreuses en avril, qui ont permis à l’ensemble des vignes de la région de débourrer sur des sols ayant fait le plein de leurs réserves utiles. Quel contraste avec 2014, où, à la même période, les vignes du biterrois et du narbonnais subissaient déjà une sécheresse exceptionnelle !

 

Si le débourrement fut tardif (15 jours de retard sur 2014), les températures élevées de mai ont eu vite fait de rattraper ce retard, et la floraison est arrivée aux mêmes dates (et parfois un plus tôt) qu’en 2014. Ces températures hautes pour la saison se sont accompagnées d’une absence quasi-totale de pluie sur le mois.

Les pluies de mi-juin, qui ont bénéficié à l’ensemble du vignoble méditerranéen, sont arrivées à point nommé pour enrayer des phénomènes de rationnement hydrique. Survenues à la nouaison, elles ont également favorisé un début de grossissement des baies dans des conditions idéales d’alimentation hydrique. Le bon remplissage des sols dans de nombreuses situations a permis une croissance optimale jusqu’à la mi-juillet.

 

S’en est suivi une nouvelle période de sécheresse jusqu’à la fin du mois de juillet, accompagnée d’une forte canicule, marquée par le chant permanent des cigales.

A partir de mi-juillet, des symptômes de stress hydrique sont apparus, parfois marqués, sur des sols superficiels dans différentes régions viticoles.

 

Les orages d’août ont mis fin à cette période de sécheresse. Et le changement fut radical, voire brutal. Entre mi-août et mi-septembre, le Languedoc  a connu trois épisodes cévenols, avec des apports d’eau parfois très importants (de 100 à plus de 300 mm), provoquant localement (et parfois à deux reprises) des dégâts au vignoble : ravinements, submersions voire arrachage de vignes par des cours d’eau en crue.

La fréquence et l’intensité de ces épisodes cévenols pouvaient laisser penser, fin août, que les pluies d’équinoxe étaient arrivées avec 1 mois d’avance, et que le scénario 2014 (avec une dizaine d’épisodes cévenols à l’automne sur la région) se répétait avec 1 mois d’avance, dès le début des vendanges.

 

Heureusement, la fin de saison fut particulièrement clémente.

 

 

Comment la vigne a-t-elle vécu ce millésime ?

 

2015 : pas si précoce que ça !

 

Alors que les modèles climatiques (indice de Huglin) prédisaient une maturité exceptionnellement précoce, avec plus de 10 jours d’avance à la véraison sur la moyenne 2010-2015 (et 20 jours sur 2013, année très tardive), les observations sur le terrain ne confirmaient pas cette tendance.

 

Figure : Potentiel de véraison estimé au 15/07/2015 (Note n°6 ACH- Chambre d’agriculture 34, ICV)

 

Certes, 2015 a commencé comme un millésime précoce, mais il a été surtout marqué par un net nivellement des stades phénologiques entre les secteurs précoces (avec une date de véraison comparable, voire légèrement en retard sur 2014)  et les secteurs tardifs (avec une date de véraison à peine décalée, nettement plus en avance).

Le rationnement hydrique, qui commençait à apparaître à la véraison, a fortement ralenti la véraison, qui s’est parfois étalée sur une période assez longue (2 à 3 semaines).

 

Et les pluies d’août, en relançant le grossissement des baies de façon spectaculaire, ont contribué à ralentir la maturation de certaines parcelles. Les Syrah ont été assez généralement marquées par ce ralentissement, au point de n’avoir plus parfois que quelques jours d’avance sur 2013, historiquement tardif.

 

 

Un bon état sanitaire dans l’ensemble, malgré des alertes.

 

L’état sanitaire du raisin a été globalement bon à la véraison cette année, avec très peu d’oïdium sur grappes. Des attaques de black rot ont pu localement entraîner des pertes de récoltes significatives en juin et juillet.

En août, l’état sanitaire a eu tendance à se dégrader, sous l’influence des pluies et entrées maritimes, et d’une fin de 3ème génération de vers de la grappe tardive.

Mais les bonnes conditions météo de septembre ont limité l’évolution des dégâts.

 

 

Un potentiel de récolte supérieur à 2014

 

La sortie des grappes reste sur un niveau élevé, très proche des records de 2013 et 2014. La pluviométrie de juin à septembre, malgré son caractère très sporadique,  a permis un bon grossissement du raisin, et la récolte 2015 est en moyenne supérieure à celle de 2014 sur la région.

 

 

Source : Centre oenologiqe de Nîmes

 

Une maturation par à coups

 

Un très faible niveau de malique.

Conséquences de la canicule de juillet, qui a entraîné une dégradation rapide de l’acide malique du raisin, les teneurs des raisins étaient sensiblement plus faibles que les normales, avec 1 à 1,5 g/L d’acide malique en moins à richesse en sucres équivalente. Cette caractéristique du millésime a été mise en évidence très tôt, dès les premiers contrôles de l’Observatoire du Millésime, et a été vérifiée dans tous les secteurs par la suite.

 

Après le 15 août, la maturation a progressé de façon ralentie. Les pluies ont fait grossir le raisin, ce qui a entraîné une dilution des sucres qui masquait un chargement des baies en sucres pourtant particulièrement actif. A partir de la fin du mois d’août, l’effet bénéfique des pluies sur la maturation phénolique s’est fait sentir. Les raisins rouges, qui jusque-là présentaient des teneurs élevées en polyphénols totaux et plutôt faibles en anthocyanes, ont commencé à se colorer de façon spectaculaire, mais avec de grandes diversités de situations. Des cépages comme le Grenache, le Merlot, et plus tard le Cabernet sauvignon ou le Carignan ont connu des enrichissements très marqués en anthocyanes, alors que les Syrah avaient tendance à stagner, avec de fréquents blocages de maturité.

 

En Septembre, les raisins ont connu des épisodes de concentration, à peine interrompus par les pluies violentes du 13 et 14. Dans les secteurs tardifs, le bel été indien de fin septembre et début octobre ont permis de vendanger des raisins très concentrés (parfois trop).

 

Les caprices météorologiques de l’année ont fini par délivrer un millésime intéressant, mais ô combien atypique et hétérogène. Encore un millésime particulièrement délicat à piloter, tant la chronologie habituelle des maturités (selon les cépages ou les terroirs) a été encore une fois bouleversée, tant il a fallu jongler avec les orages sans céder à la tentation de vendanger trop tôt les parcelles qui n’avaient pas atteint leur maturité. Plus que jamais, des outils de pilotage comme l’Observatoire ICV du Millésime, complétés par un suivi rigoureux des parcelles, étaient nécessaires pour suivre les maturités, et savoir adapter les décisions.

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